Rêves de jeunes en pays francophones

Le Cinéma du réel, festival international de films documentaires, aura lieu cette année du 18 au 27 mars au centre Pompidou à Paris. A cette occasion, retour sur le documentaire Gam Gam (2015 / France / 135 min), sélectionné en 2015 dans ce festival, avec l'interview des réalisateurs Natacha Samuel et Florent Klockenbring, rencontrés cet été à Marseille. Ils nous emmènent à Ouagadougou au Burkina Faso, en compagnie de leur ami Karim et de sa bande d'anciens dragueurs de touristes européennes.

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Karim, bagagiste à l’aéroport de Brest depuis dix ans, revient comme tous les deux ans dans son Ouagadougou natal. Famille et amis l’attendent de pied ferme, soit pour s’agréger à sa réussite relative, soit pour compléter les pointillés du récit de leur vie. Admiré, craint et critiqué, Karim est en équilibre dans l’interstice entre deux mondes. Frères ou connaissances sont autant de facettes de lui-même, de ce qu’il aurait pu rester : un gam gam, qui dans l’argot de Ouaga désigne un « mélangeur, embrouilleur, vendeur de tout ». Amants éphémères qui ont pu croire quitter l’Afrique via une aventure avec une touriste blanche (c’est le cas de Moustache) ou affaire-man trafiquant des chargeurs de portables, ils n’ont pas pu ou pas voulu partir, et portent sur Karim un regard teinté d’amertume – « ceux qui reviennent ici foutent le pays en l’air », entend-on un soir de veillée. Jamais surplombante ni didactique, la caméra de Natacha Samuel et Florent Klockenbring ne sur-éclaire pas les espaces sombres, nous confrontant dès l’arrivée de Karim à la dynamique de la langue, aux espaces et aux situations. L’immersion parfois tâtonnante des cinéastes, tempérée par leur familiarité de longue date avec ceux qu’ils filment, restitue la désorientation d’un retour provisoire. Les réparations de la maison familiale de Karim deviennent la métaphore d’une usure récurrente, d’une brèche peut-être impossible à combler. (Charlotte Garson, Cinéma du réel 2015 )

Ecouter l'interview

Voir le film Dans le cadre de la biennale des Ecritures du Réel # 3 qui se déroule à Marseille du 02 au 26 mars 2016 et de la programmation " Le Cinéma des ailleurs, Voyage sur des routes d'exils volontaires ou contraints", projection de GAM GAM au cinéma Les Variétés le jeudi 24 mars à 21 heures

Diffusion du documentaire sonore Jusqu’à ce qu’il fasse jour de Caroline Berliner (52 min)

Haïti, décembre 2014. Poètes et penseurs s’apprêtent à investir les ruines de Port-au-Prince pour présenter au public leurs prochaines créations théâtrales. De quoi rêve-t-on quand on a 30 ans à Port-au-Prince ? Pour soi-même, pour l’autre pour le pays ? Quelle place occupe l’artiste dans un pays où tout pousserait vers d’autres priorités, plus criantes, plus nécessaires ? Avec quoi s’avance-t-on dans l’âge adulte dans un pays où l’on dit que l’on survit plutôt que l’on vit ? A l’aube du Festival de théâtre Quatre Chemins – et de la commémoration du séisme qui dévasta le pays cinq ans plus tôt – Caroline Berliner a suivi leur déambulation sur le territoire de la capitale et livre ici un documentaire en deux volets pour traquer les coïncidences entre fiction et réalité, parcours intime et histoire collective, nécessité artistique et engagement citoyen.

Ecouter le documentaire

Emission du dimanche 6 mars

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